30 juillet 2012

Un quatuor recomposé



Ralph Metcalfe fut l’un des rares à avoir battu Jesse Owens sur 100 mètres, aux championnat des États-Unis de 1934 où il représentait l’université de Marquette.
S’il ne réussit jamais à devenir champion olympique en individuel (http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/2012/07/100-m-en-1932.html), il remporta néanmoins l’or avec le relais 4x100 m en 1936, à Berlin, en compagnie de Jesse Owens, bien que ni l’un ni l’autre ne fussent prévus dans le quatuor avec Foy Draper et Frank Wykoff, les deux derniers relayeurs, mais ils remplacèrent Marty Glickman et Sam Stoller sans qu’il fût jamais établi avec certitude si des raisons sportives l’emportèrent (faire courir les deux plus rapides pour éviter tout risque de défaite, alors qu’en1932, ni Tolan, ni Metcalfe ne furent du relais américain médaillé d’or) ou si ce fut parce que Glickman et Stoller étaient juifs.
Stanley Donen se souvient aujourd’hui de ce qu’il devait chanter à l’école en Caroline du Sud, dans les années trente : Les roses sont roses, les violettes sont bleues/Jpréfère être un nègre qu’un juif, bon Dieu…

Avery Brundage, alors président du Comité olympique américain avant de présider le Comité olympique international de 1952 à 1972 (Munich), était connu pour ses sympathies nazies, et Dean Cromwell, l’entraîneur d’athlétisme, était membre d’American First, comme, par exemple, Charles Lindbergh.
http://www.google.fr/imgres?um=1&hl=fr&client=firefox-a&sa=N&rls=org.mozilla:fr:official&biw=1040&bih=873&tbm=isch&tbnid=eqTx_zBQFB-uFM:&imgrefurl=http://www.ushmm.org/museum/exhibit/online/olympics/detail.php%3Fcontent%3Djewish_athletes_more%26lang%3Den&docid=9Rbo3vlatI9RHM&imgurl=http://www.ushmm.org/museum/exhibit/online/olympics/images/d42-9.jpg&w=275&h=226&ei=_0kWUIbPD6SV0QWV4YCQDQ&zoom=1&iact=hc&vpx=628&vpy=171&dur=2045&hovh=180&hovw=220&tx=91&ty=78&sig=115895953293075755895&page=1&tbnh=164&tbnw=202&start=0&ndsp=21&ved=1t:429,r:3,s:0,i:81 

Marty Glickman et Sam Stoller sur le pont du Manhattan voguant vers Allemagne.


Ralph Metcalfe fut élu démocrate au Congrès, représentant l’Illinois de 1971 à 1978.


http://www.flickr.com/photos/27772396@N07/2631682034/

27 juillet 2012

100 m en 1932


Eddie Tolan et Ralph Metcalfe firent le doublé sur 100 mètres aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1932, tous deux en 10 s 3/10 (plus précisément, et officieusement, en 10 s 29 et 10 s 32), inversant le résultat de sélections américaines, un mois plus tôt, à Standford.
http://www.t3licensing.com/video/clip/162501_011.do
Tolan remporta aussi le 200 mètres où Metcalfe finit troisième.

Quatre ans plus tard, à Berlin, Jesse Owens (qui, sur 100 mètres, devança Metcalfe) eut un autre destin, bien que la légende qui veut que Hitler ne le salua expressément pas ne corresponde pas tout à fait à la réalité, à commencer par ce que Jesse Owens rapporta.
http://contre-pied.blog.lemonde.fr/2009/06/26/rama-yade-jesse-owens-et-adolf-hitler/


Willard Mullin (1902-1978), 1936

26 juillet 2012

Après que brûlent les livres


« Lorsque les nazis commencèrent à piller et à détruire les bibliothèques juives, le responsable de la bibliothèque Sholem-Aleichem à Biala Podlaska décida de sauver les livres et, jour après jour, lui et collègue en emportèrent autant qu’ils pouvaient en charrier, en dépit de sa conviction que très bientôt “il ne resterait pas un lecteur”. Deux semaines plus tard, le fonds avait déménagé en secret dans un grenier où le redécouvrit, longtemps après la fin de la guerre, l’historien Tuvia Borzykowski. À propos de l’action du bibliothécaire, Tuvia Borzykowski écrivait qu’elle avait été menée “sans même envisager l’éventualité que quelqu’un puisse un jour avoir besoin des livres sauvés” : c’était un acte de sauvetage de la mémoire en soi. L’univers, pensaient les anciens kabbalistes, ne dépend pas de notre lecture ; seulement de la possibilité que nous le lisions. »
Alberto Manguel, La bibliothèque, la nuit (Actes Sud)



Roman Vishniac, sa fille Mara devant la vitrine dAugust Steinhoff, Uhlandstraße 144, Wilmersdorf, Berlin, fin 1933



23 juillet 2012

Du temps de Lemberg



Marcel Frischmann, Simplicissimus, 5 juin 1932


Écoutons Joseph Roth (Lemberg, la ville, dans le Frankfurter Zeitung du 22 novembre 1924) :
« Je pourrais décrire des alignements de maisons, des places, des églises, des façades, des portails, des parcs, des places, des familles, des styles architecturaux, des autorités, des monuments. Mais cela ne saurait pas plus permettre de rendre compte de l’essence d’une ville que l’indication d’un certain nombre de degrés, sur un thermomètre centigrade, ne pourrait permttre de me faire une idée du climat qui règne dans une région. Il faudrait pouvoir décrire avec des mots : la couleur, l’odeur, la douceur, la densité de l’air, autant de choses qu’on appelle “atmosphère”, faute d’une dénomination convenable. Certaines villes sentent la choucroute, et le baroque n’y peut rien. Je suis arrivé un dimanche soir dans une ville de l’est de la Galicie. la rue principale était bordée de maisons quelconques. Les habitants étaient des commerçants juifs, des paysans ruthènes, des fonctionnaires polonais. Les trottoirs étaient inégaux et la chaussée une chaîne de montagnes en miniature. Les égouts étaient défectueux, et, dans les rues élégantes, du linge séchait, rayé de rouge, bordé de bleu. On s’attendait à trouver une odeur d’oignon, des intérieurs poussiéreux, des traces de vieille moisissure. 
Eh bien, non ! La promenade se déroulait de façon obligée dans la rue principale. Le costume des hommes était d’une élégance naturelle et sobre. Les jeunes filles se déplaçaient par bandes, comme des hirondelles, avec grâce et souplesse, sans hésiter. Un mendiant à la mine enjouée s’excusa avec distinction, et me demanda l’aumôme ; il regrettait, me dit-il, d’avoir à m’importuner. On entendant parler russe, polonais, roumain, allemand, yiddish. On était dans une succussale du grand monde. Et pourtant, il n’exsite dans cette ville ni musée, ni théâtre, ni journal, mais une « école de la Thora et du Talmud », d’où sortent savants européens, écrivains, philosophes des religions, et aussi mystiques, rabbins, propriétaires de magasins. » 
Et des dessinateurs comme Marcel Frischmann. 


Marcel Frischmann, Simplicissimus, 25 septembre 1932

Né en 1900 à Lemberg (désormais Lviv en Ukraine, après avoir été en alternance Lvov en URSS, et Lwów en Pologne au cours du XXe siècle), fleuron de la Galicie de l’empire austro-hongrois, un des emblèmes du « Yiddishland », Marcel Frischmann dut s’exiler à l’arrivée des nazis sans que le Simplicissimus ne s’en émeuve particulièrement, bien que son fondateur Th.Th. Heine ait dû suivre le même chemin au même moment.
Il mourut à Londres en 1952.



Marcel Frischmann, Simplicissimus, 1er janvier 1933

Marcel Frischmann, Simplicissimus, 12 mars 1933

Ultime dessin de Marcel Frischmann pour le Simplicissimus, 1er avril 1933



21 juillet 2012

En savoir un peu plus sur Nitsche


Simplicissimus, 5 juin 1932


Avant de devenir un des graphistes les plus résolument modernistes de son temps, Erik Nitsche, né à Lausanne en 1908, fit un petit tour dans les pages du Simplicissimus, en 1932 et 1933, sans doute pendant ses études à Munich (voire pour les payer) avant d’émigrer aux États-Unis l’année suivante.

Simplicissimus, 1er janvier 1933

Simplicissimus, 4 juin 1933


19 juillet 2012

Dans les valises de Buster Keaton


Qu’ai-je trouvé dans les valises de Keaton ? Non pas ses gags qui restent inaccessibles, seulement les affiches du dessinateur suédois Carl Gustaf Berglöw (1899-1979) pour des films où Keaton était désormais confronté à la gageure de devoir « parler facilement », où le gag perdait sa vertu cardinale.


Speak Easily (Le professeur), Carl Gustaf Berglöw, 1933


« Grand-mère avait aussi une autre qualité charmante. Elle adorait aller au cinéma et si le film était autorisé aux enfants (le lundi matin, elle regardait les nouveaux programmes des cinémas à la troisième page de l’Uppsala Nya Tidning) il n’était pas nécessaire d’attendre le samedi ou le dimanche après-midi pour y aller. Une seule chose perturbait notre plaisir. Grand-mère avait une paire d’horrible bottes en caoutchouc et elle n’aimait pas les scènes d’amour, moi, je les adorais. Quand le héros et l’héroïne exprimaient trop longtemps et d’une façon trop langoureuse leurs sentiments, les caoutchoucs de grand-mère commençaient à grincer. Ça faisait un bruit épouvantable qui remplissait toute la salle. » 
Ingmar Bergman, Laterna magica


Les bottes ont-elles grincé lors de cette scène ?  http://www.youtube.com/watch?v=RryWVTkxC4A
Ou bien, à quinze ans, Ingmar Bergman était-il délivré de la censure de sa grand-mère ? 

The Passionate Plumber (Le plombier amoureux), Carl Gustaf Berglöw, 1932


16 juillet 2012

with Bix



Paul Whiteman (avec Bix Beiderbecke dans un petit coin), My Ohio Home, 1928

Cet unique témoignage est l’occasion rêvée (merci Oscar) pour revenir sur le merveilleux livre de Grégory Elbaz, une absolue rareté.


aux éditions de la Cerise, 2008
Bix, Grégory Elbaz, 2008

14 juillet 2012

14 juillet

Jean-Adrien Mercier


Une des trois affiches de 14 juillet de René Clair (cinéaste qui ne compte plus guère, mais qui fut d’avant-garde), que j’ai dû voir dans l’émission d’Armand Panigel Au cinéma ce soir, au début des années soixante-dix, accompagné en première partie des actualités de l’année 1933, même si je me souviens mieux d’À nous la liberté, avec le même Raymond Cordy, qui préfigurait Les Temps modernes de Chaplin, ou du Million, avec René Lefèvre et Annabella.


Jean-Adrien Mercier

13 juillet 2012

Retour à la plage

Rudolf vom Endt, Jugend, 1925

Bien peu de traces de Rudolf (Rudi) vom Endt, mis à part qu’il est l’auteur de Der Riese Saftig (1936), et de Spiegelei des Lebens (1941), titres bien innocents. De Fanny Weiss encore moins. 

Pour rappel, Karl Arnold sur le même sujet : http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/2011/10/un-peu-plus-tot-sur-les-rives-du.html

11 juillet 2012

Page des sports

Aujourd’hui, le base ball.

 Theodore Gilbert Haupt, 1902-1990 : http://www.susantellergallery.com/cgi/STG_art.pl?artist=haupt


Si vous n’avez toujours pas bien compris les règles (malgré aussi une lecture assidue des Peanuts en compagnie de ce pauvre Charlie Brown), par cette leçon magistrale, Buster Keaton vous les éclaircira définitivement. 





9 juillet 2012

Spéculation

Theodore G. Haupt, août 1929



Theodore G. Haupt, 26 octobre 1929


Et le 28 octobre, ce sera le lundi noir du krach de Wall Street. Ce numéro du New Yorker, daté du 26, était-il encore dans les kiosques ?

6 juillet 2012

Confortable, rapide, économique


Paolo Garretto, 1929

Ce modèle est sans doute la CS8, 13 CV de luxe (bloc moteur à huit cylindres en ligne de 2,3 litres à un arbre à cames en tête), sorti cette année-là. 
La réclame ignorait que, malgré une bonne tenue de route et une vitesse de pointe de 120 km/h, sa fiabilité s'avérerait médiocre, et surtout que la crise économique passerait par là pour la condamner très rapidement. 

4 juillet 2012

Un 4-juillet


Paolo Garretto, 1933


« — Nous allons rendre visite à un ingénieur et à sa femme, dit William. Il avait gagné beaucoup d’argent voilà trois ans, avait fait construire une belle maison à deux étages pour sa famille, l’avait meublée très bien. Le reste de sa fortune était palcé en actions qui montaient, montaient sans cesses. Son métier lui rapportait gros également. Il avait trois voitures. Puis, presque en même temps, les chantiers où il rtavaillait cessèrent toute activité et ses  actions ne valurent plus rien. Il hypothéqua sa maion, vécut sur cet emprunt, espérant fermement que tout se remettrait vite. Il y a trois ans que dure cette attente… […] 
Il faisait, dans la maison, un froid glacial et pénétrant. 
— Depuis deux hivers, nous ne pouvons plus chauffer, dit l’hôte… […]
— Les secours du chômage nous sont refusés parce que nous avons une maison. Mais elle est hypothéquée plus qu’elle en vaut maintenant. Et si nous l’avons encore, c’est que notre créancier ne trouve pas d’acheteur. »
Joseph Kessel, Les « cols blancs », New York, hiver 1932-33


Le numéro de cette semaine de Vanity Fair fait grand cas des acrobaties fiscales du candidat républicain, Mitt Romney.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2012/07/03/vanity-fair-mitt-romney-ses-faibles-impot-et-ses-vastes-comptes-offshore/