30 novembre 2012

Le Fred Astaire du football





La coupe du monde de football 1934, la deuxième après celle en Uruguay, eut lieu en Italie fasciste qui profita pleinement de l’aubaine pour sa propagande, surtout qu’elle l’emporta contre la Tchécoslovaquie (2-1), la Tchécoslovaquie ayant battu l’Allemagne en demi-finale (3-1), à Rome, alors que la Nazionale battait l’Autriche dans l’autre demi-finale (1-0), l’Autriche où figurait le “Mozart du football” Matthias Sindelar, son avant-centre, qui s’y blessa, facilitant la tâche des azzuri qui n’avaient pas le droit de perdre devant Mussolini.
À lire les descriptions de son physique et de son jeu, autant que Mozart, il fut le Fred Astaire du football.

D’origine tchèque, Matěj Šindelář se suicida en 1939 avec sa compagne juive italienne Camilla Castagnola, à moins qu’il fût assassiné par la Gestapo.






Soma Morgenstern, dans Errance en France, évoque Matthias Sindelar en décrivant un match de football improvisé au stade de Buffalo, en mai 1940, entre internés, où […] l’Autriche, renforcée par deux puissants Sarrois, battait lAllemagne par 6 buts à 0 ! Comme autrefois à Vienne, au Prater, au stade, en 1931. Oh, comme cétait beau ! Vous rappelez-vous encore comment dès le départ, Sindelar, « l’homme de papier », dribble deux Allemands avec une feinte de corps, et d’un coup horizontal passe le ballon à Gschweidl, le « conseiller aulique », et le « conseiller » le prolonge vers Zischek qui avec présence desprit tire du pied gauche dans le coin droit des buts ? Trente secondes après le commencement du match : 1 à 0, et onze Piefkes stupéfaits ! Cest Schall qui a inscrit le deuxième but. Non, et Vogl, le Vogl ! Cétait léquipe miracle de Vienne. Hugo Meisl l’a créée. Il est mort. Sindelar l’a dirigée. Après lAnschluss, il s’est suicidé. C’était l’âme de l’équipe miracle, le Sindi. Le football aussi à une âme. Mais c’était l’âme viennoise. Sous le talon de la botte prussienne, elle a éclaté, l’âme footballeuse de Sindi. Quel était son prénom ? Matthias. Il était serrurier de son métier, « l’homme de papier ». Honneur à sa mémoire. 
(Ajouté le 26 décembre 2016, traduction Nicole Casanova, à deux modifications footballistiques près)

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