28 juillet 2011

L'Émigrant


































Quoi qu’il fasse, il a tout faux

1. Il est assis devant le café de la Paix à Paris ; devant le Métropole à Bruxelles ; devant l’Esplanade à Lisbonne ; devant le café Wivex à Copenhague, toujours de la même manière.
2. Quand il boit « un petit noir », ils disent : « Et c’est avec une petite tasse de café comme celle-là qu’il occupe les meilleures places ! »
3. Quand il boit une bouteille de champagne, ils disent : « Mais regardez-moi ça ! Je comprends à présent qu’ils aient voulu s’en débarrasser. »
4. Quand il mange du Boenrenkool, ils disent : « Il s’adapte trop bien ! »
5. Quand il mange un pied de porc à la choucroute, il disent : « Il ne s’adaptera jamais ! »
6. Quand il ouvre lui-même un café, ils disent : « Il nous prend le pain de la bouche. »
7. Et quand il ne fait rien du tout, ils disent : « Regardez, il végète ! »
8. Quand il demande un visa pour l’Amérique, ils disent : « Voilà, il s’en va. Dès que cela devient dangereux ici, il se planque ! »
9. Et s’il ne demande pas de visa pur l’Amérique, ils disent : « Nous ne nous en débarrasserons jamais ! »
10. C’est « l’émigré ».






(Il manque les septième et huitième dessins de Jo Spier car il m’a été impossible de les scanner à partir de la source que j’ai à ma disposition, c’est-à-dire Pour Walter Benjamin édité à Francfort en 1992, à l’occasion du centenaire de sa naissance.)

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