21 mars 2012

Portrait d’Isaac par Elias

Elias Canetti rencontre Isaac Babel à Berlin en 1928. Il a lu ses Contes d’Odessa, plus que Cavalerie rouge, déjà traduits en allemand, écrit-il dans Histoire d’une vie. Il n’a que vingt-trois ans et n’a pas encore publié. Pour le natif de Varna (en Bulgarie), Odessa, tant chanté dans sa famille, sur leur commune mer Noire est, avec Vienne, un de ses points cardinaux, la rêvant même qu’elle migrât à l’embouchure du Danube.

Faute de Canetti dans les rues de Berlin, le voici à Vienne dans ces années-là en compagnie de Veza Taubner Calderon, sa future femme. 

« Izaak Babel occupe une grande place dans le souvenir de ces jours passés à Berlin. Le temps passé avec lui ne dut pas être très long, mais j’ai l’impression de l’avoir vu pendant des semaines, tous les jours, des heures et des heures sans d’ailleurs que l’on parlât beaucoup. Il me plut beaucoup. Il me plut tellement que les innombrables personnses rencontrées alors, qu’il a pris une place immense dans mon souvenir et que je voudrais lui dédier chacune de ces quatre-vingt-dix journées berlinoises. […]
C’était un petit homme trapu, avec une tête très ronde où la première chose qui frappait était l’épaisseur de ses lunettes. C’était peut-être pour cette raison que ses yeux, toujours grands ouverts, donnaient l’impression d’être particulièrement ronds et écarquillés. Il était à peine entré dans une pièce que l’on se sentait regardé et, afin de récompenser tant d’attention, on se disait qu’il était large et puissant, pas du tout frêle, ce qui aurait plutôt répondu à l’effet produit par ces lunettes. »


Karl Arnold, Simplicissimus, 1926 

Auto-da-fé, le seul roman de Canetti, en allemand Die Blendung (littéralement « l’éblouissement »), fut d’abord titré La Tour de Babel lors de sa première traduction en français en 1949, comme The Tower of Babel en anglais.


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