Panaït Istrati |
Nous avons déjà évoqué Panaït Istrati exerçant un de ses multiples métiers, photographe des rues, au milieu des années vingt à Nice. http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/search/label/Panaït%20Istrati
Un article de Jean Desthieux, paru dans Notre temps en 1933, nous en dit davantage après qu’il eut rencontré “le célèbre conteur” de retour à Nice pour se soigner de la tuberculose qui l’emporta deux ans plus tard :
« […] — Il est inimaginable que l’on traque ainsi les photographes ambulants. On les traque, en effet, parce que messieurs les commerçants photographes patentés de Nice, élégamment syndiqués, n’entendent pas que des concurrents puissent circuler en liberté autour de la clientèle sans être assujettis aux taxes qui leur sont imposés à eux-mêmes…
Ce n’est pas juste, dit avec raison Panaït Istrati.
Parce que dans une ville qui, comme Nice, fait un considérable effort de publicité pour attirer à soi toujours plus de visiteurs, et cela à gros frais, on devrait comprendre que les photographes de la promenade des Anglais constituent des agents de propagande d’autant plus précieux qu’ils ne coûtent rien au budget municipal.
Songez donc ! Trente photographes qui prennent une douzaine de clichés par jour ! ces photographies, tirées chacune à une douzaine d’exemplaires ! 4320 images qui s’en vont, chaque jour à travers le monde, et qui disent partout :
— Tiens ! les Untels sont à Nice ! les veinards ! Voyez comme il y a du soleil, à Nice, et comme on y est légèrement vêtu, pendant qu’ici nous grelottons de froid sous nos houppelandes… Et ces palmiers ! Voyez ces palmiers ! Ah ! quand donc irons-nous à Nice nous aussi ?
C’est parce qu’un jour ils ont reçu une carte postale de Nice, ainsi datée, authentifiées par la présence d’un visage d’un visage ou d’une signature amis, que tant et tant de citoyens d’Amérique ou d’Europe éprouvent la nostalgie du pays niçois… Le syndicat d’initiative de Nice, ajoute Panaït Istrait, devrait subventionner, encourager ces photographes bienfaisants plutôt que de les laisser traquer comme des prostituées par la police… […] »
Paru dans Le Vagabond du monde (éditions Plein Chant, 1991)
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n°441