31 octobre 2014

Jewish Hallowen



Leyb Kvitko, Di bobe Shlak un ir kabak (Mémé Shlak et sa citrouille), Kharkhov 1928

« Far from her tent, on the golden field, the biggest pumpkin grew on Bobe Shlak’s patch. There would be endless knishes for the town and for the village, they'd be able bake and bake and never crack all the seeds. Bobe Shlak went to take the pumpkin to her tent — but she couldn't move it. Granny pushed and twisted and wore out one of her old shoes. »




« Grandpa came running to the pumpkin and said “This kind can be taken away in a sack!” 
And he spit on his hands 

and had a go at the pumpkin. 

His shirt soon burst! 

Granny sighed, 

Ah, ah, what bad luck! Might as well leave it 
lying here in the field and drag the tent to it!
” And 
Grandpa sighed, ashamed: "I've worn out my shirt in vain. 
»






« Suddenly a little gang showed up and one little guy, just like the big kids, cried out: “WHAT A PUMKIN!” Granny, we'll help you peel it, and you can give us each a piece!” Then Granny said, thoughtfully: “I'd even make you knishes! But...”  “But what?” “I can't move it from the field!” »





« The little one went to the tent and brought back an axe, and chopped and chopped at the pumpkinand CRACK!
Granny wore out her second shoe from joy! »



Merci à Yiddishkayt (Los Angeles) : https://www.facebook.com/yiddishkayt?fref=photo


n°412

23 octobre 2014

1937, Orwell



Photo Robert Capa (détail)


« De Mandalay, en Haute-Birmanie, on peut aller par train à Maymyo, la principale station de montagne de la province, au bord du palteau de Chan. C’est une drôel d’expérience. On est, au départ, dans l’atmosphère caractéristique d’une ville orientale — soleil ardent, palmiers poussiéreux, odeurs de poisson, d’épices et d’ail, fruits mous et humides des tropiques, pullulement d’êtres humains aux visages basanés — et l’on est tellement accoutumé à cette atmosphère qu’on l’emporte avec soi tout entière, pour ainsi dire, dans le compartiment de dalay quand le train s’arrête à Maymyo, à quatre mille pieds au-dessus du niveau de la mer. Or voici qu’en descendant du train, on entre de plain-pied dans un univers différent. Subitement l’on respire un air frais et pur qui pourrait être celui de l’Angleterre, et partout autour de soi on voit de l’herbe verte, des fougères, des sapins, et des montagnardes aux joues roses qui vendent des paniers de fraise. 
Mon retour à Barcelone, après trois mois et demi de front, me rappella cela. Ce fut le même brusque et saisissant changement datmosphère. Dans le train, durant tout le trajet jusquà Barcelone, latmosphère du front persista ; faite de saleté, de vacarme, dinconfort, de vêtements en loques, de privations, de camaraderie et dégalité. […] »
George Orwell, Hommage à la Catalogne (traduction Yvonne Davet)


À la fin de l’année 1937, Orwell, blessé quelques mois plus tôt au combat, écrit Hommage à la Catalogne, où il décrit sa vie de combattant sur le front d’Aragon dans les milices du P.O.U.M., et y témoigne du coup de force des communistes à Barcelone en mai destiné à éradiquer tous leurs concurrents à gauche, en les accusant d’être à la solde des fascistes, quand à Moscou, en juillet, débutaient les procès de la Grande terreur où 800 000 personnes furent condamnées, dont 400 000 à la peine de mort.



n°411

16 octobre 2014

La Splendeur des Amberson



Annonce parue dans le New Yorker, 1942



« Le major Amberson édifia “sa” fortune en 1873, tandis que d’autres perdaient la leur : ce fut le début de la magnificence des Amberson. La magnificence, aussi bien que le chiffre d’une fortune, est toujours sujette à comparaison. Laurent le Magnifique lui-même s’en fût aperçu s’il se fut avisé de hanter le New York de 1916. Les Amberson furent donc magnifiques à leur jour et à leur heure. Leur splendeur s’étendit sur toutes les années qui virent florir et d’épanouir en cité leur petite ville du Midland, mais elle atteignit son apogée à cette époque où chaque famille en vue et bruissante d’enfants exhibait un terre-neuve. »

« Par beau temps le mulet couvrait son kilomètre en vingt minutes ; encore fallait-il bien sûr que les arrêts ne fussent pas trop prolongés. Lorsque le trolleybus fit son apparition, il nexigea que cinq minutes au kilomètre, même moins, mais il nattendit personne. Les habitués nauraient du reste pas supporté une pareille dérogation aux usages, car plus ils étaient transportés rapidement, moins de temps il leur restait à perdre ! À cette époque, avant que les obligations mortelles les eussent chassés à travers la vie — quand le téléphone dévoreur de loisirs nexistait pas encore — les hommes avaient du temps pour tout ; le temps de penser, le temps de discuter, le temps de lire, le temps dattendre une femme ! »
Booth Tarkington, La Splendeur des Amberson 
(1918, traduction Jacqueline Duplain, éditions Phébus 2001)



n°410

9 octobre 2014

Too Much Johnson


« Selon une légende qui a eu la vie trop longue, Orson Welles naurait vu aucun film avant de commencer Citizen Kane. Pourtant, les premiers mètres de pellicule impressionnés sous sa direction, en 1934, à Woodstock, ont été retrouvés ; ce petit morceau de film, The Heart of Age, de quatre minutes —  il ne sagit que du tournage dune ou deux journées — a été montré à Los Angeles. Comme souvent dans un premier film, nous assistons à une succession de plans tournés sans souci denchaînement ou de continuité ; tout leffort créatif porte sur les maquillages volontairement outranciers — Orson, âgé de dix-neuf ans, joue avec un faux crâne — et sur les attitudes plastiques. » 
François Truffaut, extrait de la préface pour Orson Welles — a critical view d’André Bazin 
(Harper & Row, 1978)  





Au printemps 1938, avec sa troupe du Mercury Theatre (Joseph Cotten, Ruth Ford, Arlene Francis), Orson Welles tourne, en grande partie en extérieur à New York, une adaptation de la pochade de William Gillette, Too Much Johnson, un film évoquant le cinéma burlesque des années 20 destiné à être projeté sur scène pendant la représentation.
https://www.youtube.com/watch?v=G8Ode-GJNOs
Considéré comme ayant été détruit lors de l’incendie de la villa d’Orson Welles à Madrid en 1970, le film a été retrouvé en 2013 en Italie, hélas sans sa forme définitive. Un bout à bout de 66 minutes (ci-dessus) et un montage de 34 minutes ont été mis en ligne en 2013.
n°409

7 octobre 2014

Heine vu par Aquindo



Thomas Theodor Heine, Sergio Aquindo, 2014
http://sergioaquindo.blogspot.fr/2014/10/thomas-theodor-heine.html




Le dessinateur argentin Sergio Aquindo, né en 1974, vivant en France depuis 2000, a déjà été aperçu dans cette colonne http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/search/label/Sergio%20Aquindo à propos de son album Harry & the Helpless Children, paru chez Rackham en 2012. Pour rappel, Th. Th. Heine est le cofondateur du Simplicissimus en 1895, avec l’éditeur Albert Langen, qu’il dirige jusqu’en 1933 où il se voit contraint à l’exil, trahi par la plupart de ses dessinateurs qui prennent le parti du IIIe Reich.



n°408