Annonce parue dans le New Yorker, 1942 |
« Le major Amberson édifia “sa” fortune en 1873, tandis que d’autres perdaient la leur : ce fut le début de la magnificence des Amberson. La magnificence, aussi bien que le chiffre d’une fortune, est toujours sujette à comparaison. Laurent le Magnifique lui-même s’en fût aperçu s’il se fut avisé de hanter le New York de 1916. Les Amberson furent donc magnifiques à leur jour et à leur heure. Leur splendeur s’étendit sur toutes les années qui virent florir et d’épanouir en cité leur petite ville du Midland, mais elle atteignit son apogée à cette époque où chaque famille en vue et bruissante d’enfants exhibait un terre-neuve. »
« Par beau temps le mulet couvrait son kilomètre en vingt minutes ; encore fallait-il bien sûr que les arrêts ne fussent pas trop prolongés. Lorsque le trolleybus fit son apparition, il n’exigea que cinq minutes au kilomètre, même moins, mais il n’attendit personne. Les habitués n’auraient du reste pas supporté une pareille dérogation aux usages, car plus ils étaient transportés rapidement, moins de temps il leur restait à perdre ! À cette époque, avant que les obligations mortelles les eussent chassés à travers la vie — quand le téléphone dévoreur de loisirs n’existait pas encore — les hommes avaient du temps pour tout ; le temps de penser, le temps de discuter, le temps de lire, le temps d’attendre une femme ! »
Booth Tarkington, La Splendeur des Amberson
(1918, traduction Jacqueline Duplain, éditions Phébus 2001)
n°410
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