Dugo, Simplicissimus, 19 septembre 1927 |
Parmi tous les dessinateurs du Simplicissimus, se distinguent les pensionnaires, les tauliers prodigieux, Heine, Wilke, Bruno Paul, Gulbransson, Blix, Thöny et bien sûr Karl Arnold très à l’honneur ici, qui monopolisent les pleines pages et les couvertures, mais on croisera aussi Pascin, George Grosz ou Alfred Kubin qui y pigent de-ci de-là dans les pages intérieures, au mieux sur une demi-page, quelques femmes dont Jeanne Mammen et Käthe Kollwitz, un Français, Bing, Henry Bing, qui survécut à la Première Guerre dans ces pages allemandes !, et puis, au détour d’un clic (www.simplicissimus.info), on tombe sur Dugo, on se demande qui est ce Dugo qui fait vaguement penser à Steinberg, en l’anticipant, qui décrit le cinéma sous un angle peu flatteur, où des Nana courent la carrière, dans ce dessin paru le 19 septembre 1927, soit trois semaines avant la sortie du Chanteur de jazz, on se renseigne sur l’internet, pas grand-chose, seulement ici Adrian M. Darmon, dans son livre Autour de l’art juif (aux éditions Carnot), fait naître Andras Szenes hongrois en 1896 mais ignore la date de sa mort, le définit comme peintre expressionniste, portraitiste comme l’illustre sur Google images Hölgyportré (Portrait de femme) en vente sur le site d’Arcadia, lot 139, 57 x 51, un unique et beau portrait de femme mélancolique, au teint bistre, au nez aquilin, aux grands yeux noirs sombres et cernés, dans une veine proche de Pascin peignant Hermine David, et aussi caricaturiste dans le Simplicissimus, Jugend et Le Rire, et là, riche de ce nouvel indice, en cherchant Andras Szenes sur le moteur, grâce au Dr. Leslie qui semble illustrer sa notice d’un portrait de l’artiste par un confrère dessinateur, sauf que, à regarder de plus près, on reconnaît la signature de Dugo et on distingue le nom de Paul Rand, sans doute le graphiste designer né Peretz Rosenbaum à Brooklyn en 1914 il y a exactement aujourd’hui quatre-vingt dix-sept ans et qu’en tout état de cause, c’est Dugo qui tire le portrait de son ami Paul Rand dessinant un logo et non l’inverse, Paul Rand immortalisant son ami Dugo en caricaturiste, ainsi, après ce détour, trouve-t-on Andre Szenes (moins bien traité que son compatriote Arpad), né en 1895 et mort en 1957, qui étudie l’architecture à Budapest, combat pendant la Grande Guerre dans l’armée austro-hongroise avant de se retrouver à Munich (berceau du Simplicissimus) où il étudie l’art, y expose ainsi qu’à Budapest, et, après une période parisienne, émigre en 1939 à New York où la postérité ne semble retenir de son art, à part quelques apparitions dans Vanity Fair et le Harper’s Bazaar où il croisa peut-être Saul Steinberg, que les timbres de la campagne prophylactique contre la tuberculose (National Tuberculosis Christmas Seals) émis en 1943 et 1950.
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