[…] Je vous aime beaucoup — vraiment beaucoup —, Ophélia. J’apprécie beaucoup — énormément — votre nature et votre caractère. Si je me marie, ce ne sera qu’avec vous. Reste à savoir si le mariage, le foyer (qu’on lui donne ce nom ou un autre) sont choses qui me conviennent, à moi qui consacre ma vie à la pensée. J’en doute. Pour le moment, et très vite, je veux organiser cette vie de pensée et de travail, à moi. Si je n’y parviens pas, il est clair que je ne penserai jamais même penser à me marier. Si j’y parviens et m’aperçois que le mariage serait un obstacle, je ne me marierai certainement pas. Mais il n’en sera sans doute pas ainsi. L’avenir — l’avenir proche — le dira.
Voilà, et par hasard c’est la vérité.
Au revoir, petite Ophélia. Dormez et mangez, et ne perdez pas de poids.
Votre dévoué
Fernando
C’est avec cette lettre du 29 septembre 1929 que l’affaire entre Fernando Pessoa et Ophélia Queiroz en resta là, après dix ans de palinodies. À croire qu’Álvaro de Campos n’avait pas tout à fait tort sur le compte de son ami Fernando.
Fernando Pessoa par Paulo da Fonseca Rego, 1927 |
Sept lettres de Pessoa à Ophélia ont été publiées dans Une malle pleine de gens d’Antonio Tabucchi, et traduites par Simone Biberfeld.
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