Le numéro du Simplicissimus daté du 9 août 1936 est entièrement consacré aux Jeux Olympiques qui se déroulèrent à Berlin dans la première quinzaine du mois.
La revue satirique s’était rendue aux nazis dès lors qu’elle ne s’était pas sabordée en 1933, quand sa mise au pas fut symbolisée par l’exil de son co-fondateur Th. Th. Heine, frappé par les mesures antisémites, bien sûr, mais qui était aussi certainement la conscience politique la plus affirmée comme son emprisonnement sous Guillaume II l’avait montré près de quarante ans plus tôt : http://www.blogger.com/blogger.g?blogID=4499126673120624220#editor/target=post;postID=679969243926601221.
Après Le Triomphe de la volonté, Leni Riefenstahl va tourner Les Dieux du stade, l’occasion pour Karl Arnold d’une petite pique, sans doute très mesurée, sans qu’on puisse en saisir la réelle portée.
Les épreuves d’athlétisme eurent lieu du 2 au 9 août.
Doit-on être surpris que le sprinter représenté par Rudolf Kriesch (qui collabora régulièrement au Simplicissimus de 1931 à 1944) soit Archie Williams, un Noir américain, étudiant à Berckeley, alors qu’il n’avait pas encore gagné le 400 mètres olympique, même s’il avait remporté au préalable le championnat des États-Unis en descendant deux fois sous les 47 secondes, ce qui en faisait un favori pour les Jeux où il courut la finale en 46 s 5/10, comme l’étaient pour Rudolf Kriesch le Japonais Shuhei Nishida à la perche, en argent à Los Angeles, et le Finlandais Matti Järvinen au javelot, champion olympique sortant, mais qui n’eurent pas le même bonheur qu’Archie Williams de monter sur la plus haute marche du podium.
Évoquant l’affaire Owens, Archie Williams aurait déclaré : « Hitler wouldn’t shake my hand either. »
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P. S. (31 août) : Gabriel Hanot, dans L’Illustration du 15 août 1936, rapporte que « les États-Unis ont perdu dimanche la course du 1600 mètres (4 fois 400 mètres) relais.
Pourquoi ? Parce qu’ils avaient renoncé à l’appoint des deux athlètes noirs Williams et Lu Walle (sic), afin d’aligner quatre blancs. On s’est perdu en conjectures sur les raisons de cette élimination des deux nègres. Le motif nous apparaît lumineux et nous vous le soumettons. Avant ce 1600 mètres relais, les coloured men des États-Unis avaient gagné 6 épreuves, les blancs 5, tandis qu’une équipe 50% noire et 50% blanche avait ravi les 400 mètres relais. De toute évidence, les dirigeants américains voulaient obtenir un équilibre parfait des victoires entre les blancs et les noirs. De là leur essai, qui fut un échec. »
La Grande-Bretagne (composée de quatre Blancs) devança les États-Unis (composée de Harold Cagle, Robert Young, Edward O’Brien et Alfred Fitch), en 3 mn 9 s contre 3 mn 11 s.
Pour suivre l’hypothèse de Gabriel Hanot, l’équipe américaine ayant incorporé in extremis deux athètes noirs, Jesse Owens et Ralph Metcalfe, pour le 4 x 100 m (400 mètres relais), à la place deux blancs, mais juifs, ils se seraient retrouvés dans l’obligation pour remplir leur quotas, par un jeu de vases communicants, de ne pas sélectionner deux Noirs, le champion olympique de la distance, Archie Williams, et LuValle, médaillé de bronze. Mais rappelons que les sélectionnés dans les relais n’étaient pas nécessairement les quatre meilleurs.
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