Karl Holtz, Der Wahre Jacob, 1928 http://karlholtz.blogspot.fr/ |
« C’est une crise qui ne se contente plus de troubler superficiellement l’eau d’un étang. Il y a quelques années encore on pouvait se consoler et se dire : ici, c’est un cas isolé, là c’en est un autre ; on en prend son parti, on le peut lorsqu’il ne s’agit que de cas isolés, mais aujourd’hui l’ébranlement menace l’œuvre tout entière que nous avons mis deux mille ans à édifier. Un désir de destruction profond et morbide se manifeste dans les rangs de ceux qui vibrent devant les grands problèmes. Si l’on ne peut y remédier (et j’ai peur qu’il ne soit déjà trop tard) il faut s’attendre d’ici cinquante ans à un cataclysme effroyable qui dépassera en horreur toutes le guerres et toutes les révolutions que nous avons vues jusqu’ici. Il est étrange que la destruction émane souvent de ceux-là mêmes qui se croient les gardiens des bien considérés comme les plus sacrés. »
« Salomon était un sage ; il a convaincu d’absurdité tous les apôtres de la justice, et couvert tous les pacifistes de ridicule. A-t-on jamais vu depuis que le monde est monde une guerre avoir une cause juste ? A-t-on jamais vu un général livrer ses batailles pour la justice ? Un de ces célèbres voleurs de territoires ou de ces exterminateurs d’hommes être obligé de rendre des comptes autrement que lorsque son entreprise avait échoué ? Je vous invite à réfléchir un peu aux rapports, j’allais dire à la parenté, qui existent encore entre l’idée de droit et l’idée de vengeance. Quand et où, dans l’histoire, avez-vous vu des empires, des religions se fonder, des villes se bâtir, la civilisation se répandre avec l’aide de la justice ? En connaissez-vous un exemple ? Moi, je n’en connais pas. Où est le pilori qui fera expier le massacre de millions d’Indiens, l’empoisonnement par l’opium de cent millions de Chinois, ou l’esclavage auquel ont été réduits trois cent millions d’Hindous ? Qui a arrêté les navires bondés d’esclaves nègres qui, du seizième au dix-neuvième siècle, traversèrent l’océan d’Afrique en Amérique en longues caravanes ? Qui lève le petit doigt en faveur des centaines de milliers d’hommes qui s’usent dans les mines de cuivre au Brésil ? Où est le juge qui entreprendra de punir les pogroms d’Ukraine ? Vous voulez d’autres exemples ? »
De haut en bas, propos tenus pas les personnages de Ghisels et de Warschauer,
Jakob Wassermann, L’affaire Maurizius, 1928
Jakob Wassermann, L’affaire Maurizius, 1928
Karl Holtz, Der Wahre Jacob, 15 octobre 1927 |
Jakob Wassermann écrivit dans le Simplicissimus dès sa fondation, en 1896, et ce régulièrement jusqu’en 1900.
Hermann Hesse, Thomas Mann & Jakob Wassermann, 1931 |
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