Angelica Garnett, Vanessa et Clive Bell, Virginia Woolf, John Maynard Keynes, devant l’atelier de Virginia Woolf au fond du jardin de Monk’s House, en 1935 |
« Thé avec les Keynes. Maynard s’est fait arracher une dent mais s’est montré très bavard. Par exemple : “Oui, j’ai passé trois semaines en Amérique. Un climat impossible. Une véritable collection de tous les défauts des autres climats. Cela étaie ma théorie des climats. Personne ne peut produire quelque chose de grand en Amérique. On transpire toute la journée et la saleté vous colle au visage. Les nuits sont aussi chaudes que les jours. Personne ne dort. Tout le monde doit se démener toute la journée à cause du climat. Je dictais mes articles directement. Je me suis senti parfaitement bien jusqu’à mon départ.” De là, il passe à la politique allemande . “Ils font quelque chose de très bizarre avec leur argent. Je ne peux pas définir quoi, exactement. Cela tient peut-être à ce que les Juifs emportent leurs capitaux. Voyons un peu : si deux mille Juifs emportent chacun deux mille livres. En tout cas, ils n’arrivent pas à payer leurs factures du Lancashire. Les Allemands ont toujours acheté leur coton en Égypte et le font filer dans le Lancashire. La note n’est pas tellement élevée, seulement un demi-million, mais ils ne peuvent pas payer. Par contre, ils n’arrêtent pas d’acheter du cuivre. Pour en faire quoi ? Des armements à coup sûr. Voilà un des exemples classiques du commerce international. Vingt mille personnes sans emploi. Mais naturellement, il y a quelque chose derrière tout ça. Quelle est la cause de la crise financière ? Ils font certainement une bêtise. Le Trésor ne contrôle pas les soldats.” »
Virginia Woolf, Journal d’un écrivain, Lundi 7 août 1934
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n°468
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