(attribution hypothétique du dessin : Gregor Rabinovitch) |
« […] nous sommes un peuple épris d’infini, et c’est pourquoi nous sommes le peuple de la mort, tandis que les autres sont demeurés dans le fini, l’esprit mercantile et l’esprit de lucre, soumis au mesurable, parce qu’ils veulent connaître seulement la vie et non la mort, et s’ils paraissent facilement pouvoir se dépasser eux-mêmes, ils se montrent cependant incapables de rompre les limites du fini. Il faut, pour leur salut, que nous leur infligions la sanction de l’infini qui porte en elle la mort. »
« Une déclaration de guerre véritable à la présence et au présent apocalyptiques du monstre, voilà le nouvel appel à la responsabilité, dont nous aurons à reconnaître la valeur absolue, en acceptant l’ordre de soulèvement actif contre le mal. Ceci nous éloignera à la fois de la bonté sotte et mensongère d’un pacifisme sans condition et de la joie combative, sotte et honnête qui approuve et réclame le sang répandu en faveur ses générations futures et de leurs rêves, et se comporte elle-même de la sorte de façon bestiale. »
Les Irresponsables est le dernier roman de Hermann Broch, publié en 1950, un an avant sa mort.
Le roman, écrit-il en présentation, décrit des situations et des types allemands de la période préhitlérienne. Les personnages choisis pour les représenter sont dépourvus de convictions politiques. Dans la mesure où ils en ont, ils flottent dans le vague et le nébuleux. Aucun d’eux n’est directement “responsable” de la catastrophe hitlérienne. C’est pourquoi le livre s’appelle Les Irresponsables. C’est, malgré tout, dans cet état d’âme que le nazisme a puisé sa vraie force.
À propos des Somnambules : http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/search/label/Hermann%20Broch
n°484
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