13 janvier 2016

Joseph Constantinowski, alias Michel Matvéev







Dans Fuite et fin de Joseph Roth, Soma Morgenstern rapporte une conversation tenue en 1934 où il fut question de son premier roman, Le Fils du fils prodigue, dont il présente le manuscrit à son vieil ami afin qu’il en soit le premier lecteur. 
« […] N’attends pas de moi des éloges de copain. J’espère que ce sera aussi bon que Les Traqués de notre ami Constantinowsky. »
Dans une note en bas de page, Joseph Constantinowsky est présenté comme « issu d’une famille mi-russe mi-juive d’Odessa, sculpteur, peintre et  écrivain. En 1934 il se lia d’amitié avec Joseph Roth dont il était l’aîné. Il vivait à Paris où eut lieu sa première exposition en 1935. Il écrivait en yiddish. En 1933, il publia chez Gallimard, sous le nom d’auteur Michel Matvéev et en traduction française, le roman Les Traqués qui décrit le pogroms antijuifs en Russie et en Roumanie. »  Cependant, il est né à Jaffa (en Palestine ottomane) en 1892 et mort à Paris en 1969. Les Traqués est directement écrit en français. 

Dans sa biographie de Joseph Roth, David Bronsen cite les propos quil a recueillis de Constantinowsky (alors devenu Joseph Constant) : « Quel homme, Roth ! Il a dû encore faire des plaisanteries sur son lit de mort ! Parce quun jour je lui avais dit quil ressemblait à mon père, chaque fois quil me présentait à quelquun il se faisait passé pour mon père, bien que je fusse le plus âgé. »







Intrigué, je me renseigne sur la disponibilité de ce roman en consultant internet. Un est en vente pour un peu moins de 10 euros. Il sera expédié de Dol-de-Bretagne. Deux autres le sont sur Abebooks.
Cet exemplaire est dédicacé à François Berge, sans doute un critique littéraire. Il contient le communiqué de presse rédigé par Pierre Morhange, poète, ami de Joseph Roth qu’il accompagna souvent au café Le Tournon. Après la mort de Roth, il écrivit un poème sur son ami.







Le livre n’est pas coupé, ce qui accuse ledit dédicataire dune indélicatesse qui était déjà monnaie courante depuis longtemps à l’époque
Pour le lire, il me reste à couper avec les précautions dusage les pages de ce vieux livre neuf, sans exiger quil soit « aussi bon » que le roman de Soma Morgenstern — qui est un chef-dœuvre (plus encore en tenant compte de toute la trilogie).






n°491

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