29 septembre 2011
28 septembre 2011
Faulkner s’amuse (suite)
Dans sa monographie de John Held, Jr., Illustrator or the Jazz Age, s’appuyant sur un article de Thomas Ince, Shelley Armitage confirme mon intuition sur l’intérêt soutenu de Faulkner pour Held*.
« As Thomas Inge has demonstrated in an article on Faulkner and the funnies, no less an admirer and imitator than William Faulkner emulated Held’s blockprint and more fluid cartoon styles, finding in this visual form, with its ability to capture the energy of dance and music and its satiric and detached point of view, a lingering influence on his own fiction. Indeed, Held’s imitators were many, but in the case of Faulkner, one can see the recognition of Held’s archetypal power. »
* voir billet du 11 septembre.
26 septembre 2011
Les dessous sonores de la diplomatie
Selon Karl Arnold, le cinéma parlant tout nouveau né — nous sommes en 1929 — pourrait révéler des dessous diplomatiques.
Révision du cours : en 1924, le plan du futur vice-président américain Charles Dawes proposait un arrangement très pragmatique pour le remboursement des réparations de guerre décidées au traité de Versailles. Cela lui valut le prix Nobel de la paix en 1925.
Six mois après ce dessin, ce fut le krach de Wall Street. La tranquillité du banquier de chez JP Morgan en fut-elle affectée ?
25 septembre 2011
17 septembre 2011
16 septembre 2011
Pourquoi Jean Gabin
Quand Jean Renoir tourne L’Homme du Sud*, troisième film de son exil américain, Paris vient d’être libéré.
William Faulkner, non crédité au générique, en avait co-écrit le scénario et Zachary Scott, l’acteur principal originaire du Texas, était un de ses amis.
Mais ce n’est pas pour cette raison que j’en viens à Jean Gabin, même s’il fréquenta la villa de Renoir à Hollywood avec ou sans Marlène Dietrich qui disait de lui qu’il était tendre et doux, et, avant de s’engager dans les Forces française libres en 1943, il n’est pas impossible qu’il y ait rencontré Faulkner qui, impécunieux, se rendit à Hollywood** en 1942 où on lui proposa un De Gaulle, où il retrouva Howard Hawks avec qui il plancha sur divers scénarios adaptés d’autres écrivains que lui, et où, surtout, dit-il, il gaspilla son temps dans ses mines de sel, un travail pénible et humiliant.
Pourquoi Jean Gabin alors ? Réponse :
* Billy Wilder le coiffa pour l’Oscar du meilleur réalisateur en 1946 (ce fut aussi le sort d’Hitchcock, McCarey, et Clarence Brown qui adaptera L’Intrus de Faulkner trois ans plus tard), mais il se rattrapa avec le Lion d’or à Venise.
** Les frères Coen le mettent en sène dans Barton Fink (encore un Barton).
Libellés :
Billy Wilder,
De Gaulle,
Hollywood,
Howard Hawks,
Jean Gabin,
Jean Grémillon,
Jean Renoir,
La Bête humaine,
Marlène Dietrich,
Michèle Morgan,
Remorques,
Simone Simon,
William Faulkner
13 septembre 2011
Un mariage déconcertant
Germaine Tailleferre (du groupe des Six avec Poulenc, Milhaud, Auric, Durey et Honegger) fut l’épouse de Ralph Barton à qui elle dédia ce concertino pour harpe et piano composé en 1927, peu après leur mariage.
Bruce Kellner*, le biographe de Barton, écrit : « His considerable charm, of which both friends and enemies spoke, his impecable manners, his flawless French prononciation, and his ardor for all things French, could not have failed to win some attention from Germaine Tailleferre, who spoke no English and had never felt comfortable in America. After the party, he offered to drive her back to her hotel in his white Voisin. En route he asked her to marry him the next day. She thought he was making fun of her, joking, but he was deadly serious. Some years earlier, Germaine Tailleferre had suffered a heartbreaking love affair; she would never love that way again, she reflected long afterward in attempting to explain to herself why she had accepted Barton’s offer. »
Germaine Tailleferre rencontra Charlie Chaplin quand il débarqua chez le couple quelques jours après leur mariage, à New York, où il consultait son avocat pour préparer son divorce d’avec Lita Grey.
« Comme j’admirais beaucoup ce qu’il faisait, je l’ai poussé à ce qu’il fasse lui-même la musique de ses films. Je lui disais: “Cela vous ressemble tellement, cela émane tellement de votre personnalité, ce n’est pas la peine d’avoir des nègres. Il faut avoir des nègres pour transcrire la musique, pour transposer, pour lui donner une forme quelconque, mais il faut donner vos thèmes vous-même”. Il n’osait pas trop, tout de même, se risquer. Il m’avait demandé de l’aider à ce genre de travail ; c’était au moment où il préparait son film Circus. Alors nous avons joué des thèmes ensemble et il voulait que j’aille à Hollywood pour les travailler avec lui. Seulement mon mari n’a pas voulu et je n’ai pas pu aller à Hollywood ; cela m’aurait beaucoup amusée, mais enfin cela ne s’est pas arrangé. En général les maris détestent que les femmes se fassent remarquer d’une façon ou d’une autre. Moi je n’aurais pas demandé mieux que de rester anonyme, mais Charlie voulait que je signe avec lui. Nous sommes partis en France, mon mari et moi, et je verrrai toujours, pendant que le bateau s’éloignait, notre pauvre Charlie qui était là sur le quai, qui nous regardait tristement et qui resta tout seul très longtemps à regarder le bateau disparaître. » (entretiens avec Georges Hacquard, 1979)
Ralph et Germaine dans leur patio du 46 rue Nicolo à Paris (aujourd’hui, semble-t-il, clinique de la Muette).
Ralph Barton se suicida un mois après son divorce. Mais la passion de sa vie resta l’actrice Carlotta Monterey qui, deux ans auparavant, avait épousé le dramaturge Eugene O’Neal qui venait de divorcer d’Agnes Boulton, la mère d’Oona qui, quinze ans plus tard, devint Oona Chaplin au grand courroux de son père qui ne lui pardonna jamais.
* The Last Dandy (préface de John Updike), University of Missouri Press
12 septembre 2011
Faussaire mais pas trop
Découvrant cette Modern Aphrodite sur des sites de vente, signée « Hallet » disent-ils (n’est-ce pas le nom d'un collectionneur indélicat ?) tout en indiquant avec précaution « attribué à Ralph Barton » (c’est joliment troussé en effet, bien dans sa manière, mais sans que sa personnalité se dégage absolument de celles de ses pairs), mais, en observant l’écriture quelque peu hésitante du titre et du nom, il me plaît d’imaginer qu’il faudrait l’attribuer à William Faulkner jouant les faussaires pour briller auprès des étudiantes d’Oxford (University of Mississippi) — à moins que ce dessin fût sa source d’inspiration pour son illustration parue dans Ole Miss (voir page du 10 septembre), mais c’est un peu moins joli comme histoire, non ?
(ajouté le 14 janvier) Mais il serait sûrement plus raisonnable de voir en Aubrey Beardsley le véritable maître ès dessin de William Faulkner.
(ajouté le 14 janvier) Mais il serait sûrement plus raisonnable de voir en Aubrey Beardsley le véritable maître ès dessin de William Faulkner.
Puisque nous en sommes aux élucubrations, en 1957, dans la troisième et dernière partie des Snopes, Le Domaine, Faulkner prénomme Barton l’artiste new-yorkais que rencontre Linda au Greenwich Village. Il est sculpteur (abstrait), juif et communiste. Le parallèle a ses limites.
11 septembre 2011
Willliam, John Jr. et Margy !
10 septembre 2011
Lectures putatives de William Faulkner
Continuons à imaginer les lectures de Faulkner, quand il laissait de côté Melville, Keats et Mallarmé, se prenant alors à rêver qu’il aurait pu, si la littérature ne l’avait pas dévoré.
Il était abonné à Life (le premier Life, parangon de la frivolité des années folles, avant celui fondé en 1936 qui porta la photo au pinacle) où, avant tout, il attendait impatiemment les couvertures dessinées par John Held Jr. — élevé à Salt Lake City sous les auspices de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours — qui, comme Ralph Barton, travailla pour Judge, Vanity Fair, le New Yorker, et… Life.
Cependant la chronologie n’indique pas que les dessins chic de Faulkner doivent à l’admiration de ceux de John Held Jr. qui ne semblent pas les précéder.
Sans prendre trop de risques, mettons cette communauté sur le compte de l’humeur d’une époque, celle où Scott Fitzgerald publia Tales of the Jazz Age (1922), sous une couverture de John Held Jr.
Le blog Gonefishing www.gonefishing.fr/article-william-faulkner-styliste-44089258.html a publié un bel ensemble des dessins de Faulkner.
9 septembre 2011
Slapstick faulknérien
« “C’est bon, Jim, qu’il dit au nègre, aide-moi à monter.” Alors le nègre il a aidé Ab à monter sur le cheval, mais le nègre, il a pas eu le temps de sauter en arrière, comme Stamper, parce que dès que le cheval a senti le poids, ç’a été comme si Ab on lui avait mis un fil électrique dans son pantalon. Le cheval a tourné sur lui-même, il avait l’air tout rond, comme le ballon, sans tête, sans queue, comme une pomme de terre irlandaise. Il a flanqué Ab par terre, Ab s’est relevé, il est retourné vers le cheval et Stamper a dit : “Aide-le à monter, Jim”, et le nègre a aidé Ab encore un coup, et le cheval l’a refichu par terre et Ab s’est relevé, toujours avec la même tête, il est retourné près du cheval, il a repris la bride, mais Stamper l’a arrêté. On aurait vraiment dit que Ab voulait que le cheval le flanque par terre, de toute sa force ; comme si la capacité de ses os et de sa chair à résister à la dureté du sol c’était tout ce qui lui restait pour se payer un animal qu’avait encore assez de vie pour nous ramener à la maison. “Vous voulez vous tuer ? lui demande Stamper. »
« “Fous le camp d’ici, Wall, nom de Dieu !”, rugit Eck. Il se jeta à terre en se couvrant la tête avec les bras. Le petit garçon ne bougea pas et pour la troisième fois le cheval prit son essor au-dessus de lui sans le toucher, au-dessus des yeux grands ouverts et de la tête maintenant bien droite, et atteignit la galerie sur le devant au moment même où Ratliff, tenant toujours sa chaussette, apparaissait à un angle de la maison et gravissait les marches. Le cheval tourna sans ralentir ni s’arrêter. Il galopa jusqu’au bout de la galerie, sauta par-dessus la ballustrade, et prit son essor comme un elfe, aérien dans un clair de lune. Toujours galopant, il atterrit dans l’enclos, le traversa, passa au galop la barrière disloquée et se retrouva parmi les charrettes, toutes renversées sauf celle toujours intacte où se trouvait toujours la femme d’Henry et, dévalant l’allée, continut sa course jusqu’à la route.
Quatre cents mètres plus loin, la route faisait une entaille pâle et lunaire entre les ombres lunaires des arbres qui la bordaient, et le poney, galopant toujours, projetait l’ombre de son galop dans la poussière, puis la route descendait vers le ruisseau et le pont. C’était un pont de bois, tout juste assez large pour un seul véhicule. Lorsque le poney l’atteignit, le pont était occupé par une charrette venant de la direction opposée et tirée par deux multes qui, bien qu’à l’ouvrage, avaient déjà cédé à l’effet soporifique du mouvement. Sur la banquette avant se trouvaient Tull et sa femme et, à l’arrière, assises sur des sièges de lattes, leur quatre filles ; ils rentraient bien tard d’une journée passée dans la famille de Mrs. Tull. Le poney ne s’arrêta pas, ne fit pas un écart. Il y eut sur le pont de bois un seul fracas, le poney se précipita entre les deux mulets qui se réveillèrent et, tirant sur les traits, se jetèrent dans des directions opposées ; le poney, lui, semblait vouloir se frayer un passage sur le timon, pareil à un écureuil affolé, et, comme s’il voulait grimper à l’intérieur de la charrette, il s’efforçait d’atteindre le hayon avant avec ses antérieurs tandis que Tull vociférait et lui fouettait la tête. Les mulets essayaient maintenant de faire tourner la charrette au milieu du pont. Elle vira et faillit basculer, la rambarde craqua avec un claquement sec plus fort que les hurlements des femmes ; le poney parvint enfin à grimper sur le dos d’un des mulets et Tull debout dans la charrette lui donna un coup de pied à la tête. Alors la charrette se souleva par le devant, envoyant Tull, avec les rênes enroulées plusieurs fois autour de son poignet, sur la plate-forme de la charrette au milieu des sièges renversés, des bas et des dessous ainsi exhibés de ses femmes. Le poney se libéra et, dans un bruit de tonnerre, retomba sur le plancher du pont, toujours au galop. La charrette vacilla de nouveau ; les mulets avaient fini par la faire tourner sur le pont où il n’y avait pas la place pour tourner et maintenant, ils essayaient de se libérer de leurs traits en lançant des ruades. Quand ils y réussirent, ils entraînèrent Tull hors de la charrette. Il tomba la tête la première sur le pont, et fut traîné sur quelques mètres avant que se rompent les rênes enroulées autour de son poignet. Au loin, sur la route, distançant les mulets devenus frénétiques, le corps inanimé de Tull, poussaient des hurlements, Eck et son petit garçon arrivèrent en trottant, Eck tenant toujours la corde. Il était hors d’haleine. “ Par où qu’il est allé ? ” demanda-t-il. »
Les Snopes, Le Hameau, William Faulkner, 1932 (traduction René Hilleret)
« — Bon Dieu ! Où qu’elle est cette corde ? beugla Snopes.
— Dans la cave, bon Dieu !” beugla la vieille Het. Mais elle n’attendit pas non plus. “Passez par l’autre côté et arrêtez-le !” dit-elle. Et elle raconta qu’au moment où elle et Mrs. Hait tournaient ce coin-là de la maison, le mulet était là avec sa longe qui lui fouettait la tête et encore une fois on aurait dit qu’il flottait légèrment sur la nuée de poulets devant laquelle il s’était retrouvé, vu que les poulets ayant pu repasser sous la maison ils avaient suivi la corde de l’arc que le mulet, lui, avait dû décrire. Quand ils tournèrent le coin suivant, ils se retrouvèrent dans le jardin.
“Bon Dieu ! beugla Het. Le v’là qui va monter la vache !” Elle raconta que c’était un vrai tableau : la vache qui était sortie de l’étable se tenait au milieu du jardin ; le mulet et elle s’affrontaient à présent à un mètre de distance, immobiles, tête baissée, jarrets tendus, pareils à deux serre-livres dépareillés, et Snopes moitié dans la cave moitié à la porte qui était ouverte, et le seau de braises brûlantes toujours sur le seuil de la cave où Snopes était sans doute allé chercher la corde ; par la suite la vieille Het déclara qu’elle avait pensé sur le moment que la porte ouverte d’une cave ça n’était pas un très bon endroit pour poser un seau de braises brûlantes, et peut-être bien qu’elle avait pensé ça. je vuex dire que si elle n’avait pas dit qu’elle avait pesné à ça, il y aurait eu quelqu’un d’autre pour le dire, parce qu’il se trouve toujours des gens qui profitent du recul pour dire qu’ils avaient raison à l’avance. Mais remarquez que si les choses s’étaient déroulées aussi vite qu’elle le prétendait, je vois mal comment quiconque aurait eu le temps de penser grand-chose.
Parce que les bêtes et gens avaient repris leur sarabande ; au moment où ils tournaient le coin suivant de la maison, cette fois c’était I.O. qui était en tête, la corde en main (il l’avait trouvée), suivi de la vache dont la queue raide et relevée penchaient légèrement comme la hampe d’un drapeau à la poupe d’une barque, puis venait le mulet, Mrs. Hait et la vieille Het fermant la marche, et la vieille Het répéta qu’elle avait vu le seau de braises brûlantes toujours posé sur le seuil de la cave qui était ouverte à ce moment-là, et où l’on apercevait un tas de vieilleries qui sentaient le veuvage de Mrs. Hait — cageots vides pour allumer le feu, vieux papiers, meubles cassés — et qu’elle avait pensé de nouveau que l’endroit était plutôt mal choisi pour y poser le seau.
Puis le coin suivant. Snopes, la vache et le mulet disparaissaient tous les trois au milieu du nuage des poulets en panique qui étaient repassés sous la maison juste à temps. Seulement quand elles arrivèrent dans la courette il ne s’y trouvait plus que Snopes. Il gisait là à plat ventre, le pan de sa veste rabattu sur la tête par l’élan de sa chute, et la vieille Het assura qu’on voyait dans le dos de sa chemise blanche l’empreinte du pied fourchu de la vache et du sabot du mulet. »
Les Snopes, La Ville, William Faulkner, 1957 (traduction Jules Bréant)
Les deux dessins sont extraits de l'album L'Anthologie A. B. Frost, paru aux éditons de l'An 2 en 2003.
8 septembre 2011
De Falkner à Faulkner (suite)
William Falkner a 16 ans quand il dessine dans l'annuaire de son lycée.
À 22 ans William Faulkner montre ses talents dans l'annuaire de son université.
7 septembre 2011
Les sources du Mississippi (une intuition)
Ralph Barton collabore à Puck dès 1912. Il a 21 ans. C’est un garçon de Kansas City, côté Missouri. Ses dessins (pour le peu que j’en sache) sont influencés par A. B. Frost et T. S. Sullivant. Il a déjà collaboré au Kansas City Post (il y dessina Bud Smith — créé par George Herriman en 1904 —, entre autres choses), mais aussi au Kansas City Star and Kansas City Times. En 1915, il fait un séjour à Paris (« I cannot write here my joys at Paris » mais, écrit-il au président Wilson : « Dear Woodrow — much as admire your stand on the present situation, strict neutrality on ma part is no longer possible. From now on, “Vive la France!” Sincerly, John Smith »). L’influence des élégances de Paris marque son dessin, à la manière d’Erté venu de Russie peu auparavant (ils se croiseront aussi dans les pages du Harper’s Bazaar où, curieusement, Erté débute cette année-là en vedette alors que Barton attendra 1921 — assez modestement jusqu’aux Hommes préfèrent les blondes) ou de Georges Lepape (lui aussi familier des lecteurs de Vanity Fair et du Harper's) et Bernard Boutet de Monvel, ses amis. Il cultive une allure du dandy qui sommeillait en lui (bien que sa petite taille — cinq pied cinq pouces — le desserve). Il lit Verlaine. Sans le savoir, il croise Proust dans les salons du faubourg Saint-Germain. Il envoie régulièrement ses dessins à Puck et à Judge.
William Faulkner s’inscrit comme auditeur libre à l’Université du Mississippi, à Oxford, en septembre 1919, où son père est administrateur, lui-même à la suite de son père. Il a 22 ans. Il vient d’être démobilisé de la Royal Air Force (sa petite taille — cinq pieds six pouces — lui avait interdit l’accès à l’aviation américaine). Il collabore au Mississippian, la revue de l’université, où il publie des poèmes. Il lit Baudelaire, Mallarmé et Verlaine en français. Il lit Proust, déjà, et Krazy Kat* (probablement). Dans la livraison de novembre 1920 d’Ole Miss, l’annuaire de l’université auquel il a déjà collaboré en 1917-1918, il publie de nouveaux dessins. Entre-temps, suite à son passage dans la RAF, sa signature avait gagné un u, de Falkner à Faulkner. Il cultive désormais une posture de héros (l’armistice le prit de court) après une période dandy (bien que sa petite taille le desserve) en contraste avec son emploi d’aide-comptable, en 1916, dans la banque familiale. L’influence rurale d’A. B. Frost (pour le peu que j’en sache) s’estompe alors en découvrant le magazine Puck dominé par le chic parisien des dessins de Ralph Barton.
Faulkner se retrouve — enfin ! — à Paris en août 1925 où il se laisse fièrement pousser la barbe. Il y prend confiance en son propre génie, écrit-il à sa mère, alors que la chronique des Snopes lui vient à l’idée, et le poursuivra toute sa vie. Il est sur place quand sort Albertine disparue, trois ans après la mort de Proust. En mars de la même année, il a fait la connaissance d’Anita Loos chez Sherwood Anderson (qu’elle connaît depuis son enfance). Elle vient de publier Les Hommes préfèrent les blondes**, illustré par Ralph Barton, chez Boni & Liveright à New York, qui éditera l’année suivante le premier roman de Faulkner, Soldiers’ Pay (Monnaie de singe), avec l’appui de Sherwood Anderson.
* à l’image de George Herriman (né, lui, à la tête du delta, à la Nouvelle Orléans) et son comté de Coconino, Faulkner installa son œuvre dans celui de Yoknapatawpha.
** alors que Faulkner travaille avec Howard Hawks sur le scénario de La Terre des pharaons, à Paris, en 1953, ce dernier triomphe avec Les Hommes préfèrent les blondes.
Inscription à :
Articles (Atom)