29 janvier 2013

26 janvier 2013

Mickey au camp de Gurs



Horst Rosenthal (1915-1942)
Horst Rosenthal (1915-1942)
Horst Rosenthal (1915-1942)



Sur la couverture, Horst Rosenthal a écrit : « Publié sans autorisation de Walt Disney. » 

Suivre maintenant ces liens indispensables : 
http://www.moicani.fr/article-mickey-a-gurs-horst-rosenthal-111540932.html



21 janvier 2013

Les bottes du Tsar



Mikhaïl ZochtchenkoDie Stiefel des Zaren, Berlin 1930


Quand Erich Ohser illustre Les bottes du tsar de Mikhaïl Zochtchenko, c’est avant l’arrivée des nazis au pouvoir qui imposèrent aux artistes de s’affilier à une chambre professionnelle pour continuer de travailler, une accréditation qu’Ohser, jusque-là féroce caricaturiste antinazi pour le journal social-démocrate Vorwärts, n’obtint pas et ne chercha pas à obtenir — contrairement à nombre de ses collègues http://plusoumoinstrente.blogspot.fr/2012/11/le-numero-du-12-fevrier-1933.html
Ohser ne voulut pas s’exiler non plus, ce qui le conduisit à s’adapter en créant Vater und Sohn (Père et fils) sous le nom de e. o. plauen (il était né à Plauen, en Saxe), une délicieuse série humoristique qui connut un grand succès de 1934 à 1937.  
Bien qu’en 1940 il finît par être “convaincu” de travailler pour Das Reich, Erich Ohser fut arrêté par la Gestapo en 1944, dénoncé par un ami pour des propos hostiles au régime, et se suicida en prison. 
   















Léningrad, 17 mars 1930

Mickhaïl Mikhaïlovtich Zochtchenko a fait un tabac. Ce petit homme sec et droit — il a une prestance extraordinaire, tout fluet qu’il est — s’est mis debout à côté du pupitre, il y a disposé ses feuillets en biais et il a lu son récit avec, sur le visage, une expression de mépris guerrier. Il a lu d’une voix de fer une chose qui suscitait à chaque seconde des rafales de fou rire. C’est sur ce ton que lon lit les mots d’ordre, les thèses, les appels.
Il était ému, mon cher Micha Zochtchenko, il avait pâli et même verdi, me semble-t-il. 
Hourra ! Le public l’aime terriblement. Quand le président l’a annoncé, des gens qui avaient presque atteint la sortie sont revenus sur leurs pas… Il s’est fait du bruit et du mouvement dans la salle : on changeait de place pour se rapprocher. 
Zochtchenko, c’est un écrivain russe remarquable, véritablement remarquable.
Iouri Olécha, Le livre des adieux (Anatolia) 
(ajouté le 28 mars 2015)

19 janvier 2013

15 + 15



Fougasse, Punch, 1931
Le capitaine : “All the same, you know, 
those aeroplanes that fly over Twickenham must get rather a jolly view of the Game.

Du haut de notre époque, nous pourrions croire que Fougasse, alias Cyril Kenneth Bird, dessinateur emblématique de Punch, dont il fut directeur artistique, ne connaissait pas grand-chose au rugby, ce qui ne laisserait pas d’étonner de la part d’un Anglais bien né. À observer son œuvre, où le sport, et particulièrement le rugby reviennent à l’envi, il est évident qu’il s’y entendait en expert. http://earlycomics.wordpress.com/author/comiczeichner/
Or, comme le montre à ravir cette Bird Eye View, la numérotation nous paraît fantaisiste : seuls les numéros de 1 à 8 devraient figurer dans la mêlée, et ici le 9, par exemple, en principe le demi de mêlée, occupe le flanc gauche de la 3e ligne des rouges.
Renseignements pris, il s’avère que la numérotation n’avait aucun caractère réglé à cette époque, sans pour autant en conclure que c’est l’influence française qui ait fait pencher l’International Board vers ces prémisses d’esprit cartésien.

Dans la version ci-dessous, sans doute postérieure, la question ne se pose pas, seule la fantaisie chromatique de l’équipe à rayures étonnera l’amateur contemporain (à défaut d’être connaisseur).



Le capitaine : “Soccer fans affirm that Rugger’s dull to look at... 
they can’t have seen our annual start-of-the-season Whites vs Colours.”


Comme pour cet autre exemple de 1923 http://www.flickr.com/photos/rugby_pioneers/460360717/ où Fougasse joue avec les motifs, peut-être en hommage à Aubrey Bearsley.

http://magalerieaparis.wordpress.com/category/cyril-k-bird-dit-fougasse/


17 janvier 2013

Le poète et le caricaturiste





Franta Bidlo et Jaroslav Seifert (prix Nobel de littérature en 1984) étaient de grands amis bien que ce dernier fût dès 1929 en rupture de ban avec le parti communiste quand Bidlo était le caricaturiste attitré du Rude Právo, ce qui ne l’empêcha pas, en 1936, d’illustrer Zpíváno do Rotačky (Chansons pour les rotatives).









Et Jaro, s Bohem (Printemps, avec Dieu) l’année suivante. 



16 janvier 2013

Un nouvel échantillon de Bidlo



La devise du Führer : Soyez prêt à tout ! 



Magazin DP, 1936



À gauche : le monstre dont on parle.
À droite : le monstre que personne ne veut entendre (« Du pain et du travail ») 

.  

Une nuit avec bébé, Magazin DP, 1933



Pourquoi le professeur Piccard a-t-il décollé pour la stratosphère ?


15 janvier 2013

10 janvier 2013

Le trio tchèque au complet



Franta Bidlo, Pelc, Hoffmeister & Bidlo


Contrairement à ses deux confrères, Adolf Hoffmeister et Antonín Pelc, František (Franta) Bidlo, né en 1895 à Prague dans une famille modeste, est un artiste autodidacte qui fut d’abord apprenti chapelier à Vienne avant de combattre sur le front italien lors de la Première Guerre mondiale dans les rangs austrois-hongrois, puis d’adhérer au parti communiste en collaborant activement à son organe officiel, le Rudé Právo, et d’assurer, à sa création en 1934, la rédaction en chef du Simplicushttp://plusoumoinstrente.blogspot.fr/2012/11/le-simplicissimus.html

Autoportrait, 1936

C’est à Bidlo que nous devons la définition du mâle aryen idéal, publiée dans le Simplicus : “blond comme Hitler”,“mince comme Goering”, “bien bâti comme Goebbels” et “masculin comme Röhm”.

Il mourut en 1945 après avoir contracté le typhus au camp de Terezín. 


Les messages d’avril, Magazin DP, 1933



Célébrations au lac Máchov, Magazin DP, 1935-36



La civilisation blanche luttant contre l’asservissement des Noirs, Magazin DP, 1935



Immortel Karel Hynek Mácha, Magazin DP, 1936-37



 Confiance en la conférence pour le désarmement, Magazin DP, 1934-35



8 janvier 2013

Ordre et désordre à Prague



Karel Teige typographe, Adolf Hoffmeister, 1930




Au café, Adolf Hoffmeister, 1930


Odeon est une maison d’édition pragoise qui publia ReD, revue fondée par Karel Teide en 1927, d’une orientation évidemment marxiste.
http://bohemica.free.fr/auteurs/teige/teige.htm.
Cette bagarre était-elle liée à la polémique que Teide eut avec Le Corbusier sur le beau et l’utile, en cette époque où, même sans quitter Prague, les controverses esthétiques et politiques du côté de l’avant-garde ne manquaient pas ?

5 janvier 2013

Colombe à double sens





LUTTE CONTRE LE BOLCHÉVISME
Paisible Allemagne / pacifique Italie / 
Espagne enfin humaine grâce à Franco / qui menacent la paix !


En 1937 Antonín Pelc était de longue date un virulent antifasciste, communiste ou « compagnon de route ». 
Quant il dut fuir en 1939 suite à l’invasion allemande de la Tchécoslovaquie, c’est aux États-Unis qu’il aboutit en 1941 après de douloureuses péripéties. 
Entre-temps, le pacte germano-soviétique fut signé, puis dénoncé par Hitler. 

Le Lidové Noviny, prisé des intellectuels, n’était pas un journal communiste (quoique Quotidien du peuple), mais comme beaucoup en Europe, Pelc voulait croire que la paix passait par Staline, fermant les yeux sur la répression, particulièrement virulente ces années-là avec les procès de Moscou. 
Curieusement, bien que la moustache soit avenante, la bonhommie du Staline de Pelc est matoise, il pourrait être aussitôt inquiétant. La colombe est dans une cage, au garde à vous, elle semble soumise au bon vouloir de son maître ; l’y aurait-il enfermée — pour la protéger de ses ennemis comme la légende du dessin le laisse entendre — en attendant de profiter de la situation ? Et l’Oméga, l’étoile à cinq branches [est celle] qui brillait au-dessus du royaume des camps, comme l’écrit Julius Margolin.    


3 janvier 2013

Les cailloux de Julius Margolin





Il y a trois ans, les éditions Le Bruit du temps ont publié Voyage au pays des Ze-Ka, de Julius Margolin (1900-1971), où il raconte comment il fut prit en tenaille entre l’Allemagne et l’URSS, après le pacte qui les lia en 1939, avant de se retrouver au goulag pour cinq ans.
Les mêmes éditions viennent de publier Le Livre du retour.


« J’étais plongé dans mon travail, mais je ne pus m’empêcher de dresser l’oreille. Je reconnus là un “petit caillou”. J’appelais ainsi, depuis mon enfance, les choses qui entrent par la fenêtre ouverte de notre mémoire et qui s’y fixent durablement, peut-être même pour toujours.
En général, nous ne maîtrisons pas tellement notre mémoire. Les événements et les objets y laissent des encoches sans nous demander notre avis. Des choses importantes s’effacent, des broutilles s’accrochent pour toujours. À cette époque, ma vie était comme un champ en friche jonché de cailloux. Plusieurs charrettes n’auraient pas suffi à les contenir. Or, les cailloux restaient — comme ce caillou de Polésie que j’avais choisi, je ne sais pour quelle raison, aux jours lointains de ma jeunesse, en me tenant devant la fenêtre du train, à la gare de Brest ou de Drohiczyn, sur une clairière, dans un bois de bouleaux. C’était à l’aube, une brume s’élevait au-dessus de l’herbe mouillée, les pentes du remblai étaient émaillées de boutons d’or. Notre train passait devant, et je fus saisi de regret et de désespoir à l’idée qu’il était impossible d’emporter cette vie qui s’effaçait d’instant en instant, et que chaque herbe en ces lieux perdus était condamnée, et mon regard s’accrocha pour un long moment — le temps du passage du train — à un caillou à deux mètres des rails, dont j’allais me souvenir à jamais. Avec l’espoir — que j’étais alors incapable de formuler ni d’exprimer avec des mots — que ma vie, comme ce caillou de hasard, serait arrachée à l’indifférence des choses et tomberait sous un Regard qui peut tout voir… »

Traduit du russe par Luba Jurgenson




Antoine Jaccottet, son éditeur, tient à signaler en note préliminaire que « le titre de l’ensemble, Le Livre du retour, n’est pas de Julius Margolin, mais il nous a paru convenir aussi bien au retour géographique de l’auteur dans son pays, qu’au retour dans le passé que constituent les chapitres consacrés à l’enfance sur lesquels s’achève le présent recueil. »

http://80grammes.blogspot.fr/2013/01/blog-post.html