14 septembre 2012

Thomas Mann à la lumière du Simplicissimus


Th. Th. Heine, Simplicissimus, numéro du carnaval, 23 janvier 1928


En 1924, paraissait Der Zauberberg, et sa traduction française La montagne magique était publiée dans une traduction de Maurice Betz en 1931 à la librairie Arthème Fayard.


« “Qu’est-ce que c’est que ce refroidissement, hé ?” demanda pour la seconde fois l’infirmière en chef, en s’efforçant de donner à ses yeux un éclat pénétrant, mais sans y réussir car ils louchaient. “Nous n’aimons pas ce genre de refroidissements. Êtes-vous souvent refroidi ? Votre cousin, lui aussi, n’était-il pas souvent refroidi ? Quel avez-vous donc ? Vingt-quatre ans ? C’est l’âge qui fait cela. Et vous vous avisez de venir ici et de prendre froid. Nous ne devrions pas parler ici de ‘refroidissement’, honorable jeune homme, ce sont là des boniments d’en bas. (Le mot “boniment”, dans sa bouche, avait quelque chose d’affreux et d’aventureux, tel qu’elle le proférait en remuant sa lèvre inférieure comme une pelle.) »  

La montagne magique, Le thermomètre




Lire La montagne magique en connaissant les relations de Thomas Mann avec le Simplicissimus est très éclairant.
Il y publia en 1896 sa première nouvelle Der Wille zum Glück (Le choix du bonheur), en trois parties, il avait vingt et un ans, y fut lecteur-correcteur de 1898 à 1900, il en fut aussi un sujet de satire, plus tard, une fois devenu une éminence des lettres allemandes. 

« Mais voici qu’il va arriver quelque chose au sujet de quoi le narrateur fera bien d’exprimer sa propre surprise, afin que le lecteur ne s’en étonne pas, de son propre mouvement, outre mesure. En  effet, et tandis que notre compte rendu des trois premières semaines du séjour de Hans Castorp chez les gens d’en haut (vingt et un jours du plein de l’été, auxquels, selon les prévisions humaines, ce séjour aurait en fait dû se borner) a dévoré des quantités d’espace et de temps, dont l’étendue ne correspond que trop à notre attente à demi avouée, il ne nous faudra, pour venir à bout des trois semaines suivantes de sa visite en ce lieu, qu’autant de lignes à peine, des mots et d’instants que celles-là avaient exigé de pages, de feuillets, d’heures et de journées de labeur : en un clin d’œil, nous le voyons bien, ces trois semaines vont être révolues et ensevelies. »

La montagne magique, Potage éternel et clarté soudaine 


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