Anne Gorouben écrit en ouverture de 100, boulevard du Montparnasse : « Tout ce que j’essaie d’ébaucher ici n’est pas exact. C’est au mieux une construction chaotique et sans comparaison, sans discussion paisible possible. Le passé est arraché au noir, au silence, à la douleur et au désir de propriété exclusive.
À notre génération, l’Histoire a semblé inaccessible. Nous butions constamment sur l’enfance de nos parents, qui n’avait pas été heureuse. Ils voulaient nous offrir tout ce dont nous ils avaient été privés. »
S’ensuit un livre où alternent textes et dessins, en vis-à-vis, en dialogue :
« Au crayon, la gamme des gris s’étend du blanc au noir absolu. Certaines parties de mes dessins sont dans l’ombre ; d’autres restent claires, comme frôlées par la mine de plomb.
C’est un mouvement du dessin lui-même ; c’est ma main qui pense et choisit d’inscrire dans l’espace de la feuille de papier la lumière et l’ombre. Cette suite de dessins est comme un lent apprivoisement de la peur, une sorte de combat dans des ténèbres qui ne sont pas ma vie, mais ce que je ressens en profondeur, déposé en moi par tant de paroles et de récits mêlés sur l’histoire de ma famille, et que j’ai comme absorbé, avec sa violence sourde. »
Son grand-père était né en 1902 à Odessa.
En 1927, après son mariage, il s’installa au 100, boulevard du Montparnasse, tout contre La Coupole qu’Isaac Babel, bien que impécunieux, devait fréquenter quand il s’y laissait complaisamment entraîné.
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